Audience EMF auprès du directeur de l’ESPE : notre compte rendu

 

Audience ESPE – 23 janvier 2015

Lors des deux rencontres avec les EMF du 67, nous avons fait le constat d’une réelle souffrance professionnelle vécue par ces collègues. Nous avons sollicité cette audience pour vous faire part précisément de ce constat, de notre analyse et espérons aborder déjà quelques perspectives d’évolutions positives d’ici la fin d’année ou en vue de la rentrée prochaine :

  1. Travail à flux tendu, concentration des interventions. Besoin de davantage de compréhension dans l’attribution des interventions, nécessité de connaître un prévisionnel / cahier des charges.

Conclusion sur ce point par l’ESPE : Nous allons essayer d’élaborer un prévisionnel en juin pour l’année prochaine. L’absence d’un calendrier de visites avait pour but de laisser davantage de liberté au formateur. C’est embêtant, et nous reconnaissons qu’il y a un dysfonctionnement sur les EMF depuis le début de l’année, qu’ils n’avaient pas connaissance des diverses échéances.

En cas de dépassement du prévisionnel, des heures complémentaires sont prévues dans les maquettes.

Le directeur de l’ESPE a fait référence à une enquête communiquée par le ministère sur le déploiement du service des EMF dans chaque département.

Nous avons été amenés à rappeler à plusieurs reprise que les EMF ne contestent pas tant la charge de travail liée aux missions que  les conditions d’exercice : travail à flux tendu, densité des interventions en début d’année.

2. Complexification des tâches, croissance des tâches administratives ce qui implique une perte de sens de l’activité (compléter 2 rapports pour les mêmes visites, les mêmes stagiaires).

C’est parce que nous souhaitons mettre en place une réelle formation en alternance que nous donnons au tuteur cette place dans la maquette. Dans d’autres masters professionnels, le tuteur dans l’entreprise est également amené à compléter un rapport, à noter le stage.

Nous avons demandé à ce qu’une réflexion soit menée en collaboration avec l’employeur pour optimiser les outils (notamment le Wiki). Il est inacceptable que parce que le tuteur a deux interlocuteurs (IA et ESPE), il soit amené à doubler son travail de formalisation d’une visite.

3. Notation en cours d’année : problématique du tuteur qui installe la confiance incompatible avec la position d’évaluateur. Les exigences d’un employeur sont différentes de celles d’un organisme qui attribue une qualification. Exemple : un stagiaire en difficulté (alerte) dont la difficulté essentielle est le positionnement par rapport aux élèves et  la gestion de classe peut obtenir 14, s’il travaille suffisamment. Un employeur qui s’interroge sur un recrutement pour 40 ans peut vouloir pondérer ses critères différemment.

La note, nous n’y couperons pas. C’est la condition de la réalisation d’un Master professionnel. D’ailleurs, si le stage n’était pas noté, on pourrait assister à une déviance de la part des stagiaires qui penseraient à privilégier la validation du Master, comptant sur un renouvellement de l’année de stage pour « valider la partie pratique ».

Par contre, nous allons travailler à une progressivité plus importante de compétences professionnelles observées à chaque semestre.

4. Trop de positionnements diverss pour un même EMF. Cause de stress, tensions, travail à flux tendu. Mais la situation en devient schizophrénique pour les EMF qui jonglent avec les casquettes .

Le directeur de l’ESPE a pris note de ce constat et entend cette complexité. À ce jour, il n’est pas en mesure d’apporter une réponse ou des perspectives pour l’année prochaine.

Nous avons proposé que les stagiaires puissent bénéficier d’une « visite gratuite » en début d’année. Une visite sans rapport, d’un formateur n’ayant pas de rôle d’évaluateur, pourrait donner l’occasion au stagiaire de poser toutes les questions, même les plus naïves.

L’ESPE a pris note de cette proposition. Nous avons également relevé la difficulté ou l’impossibilité pour le visiteur ESPE de prendre en compte la progression du stagiaire. L’ESPE a entamé une réflexion autour de l’individualisation de la formation. Celle-ci sera soumise au conseil des études. Admettant qu’aujourd’hui, l’alternance se résume plutôt à une juxtaposition classe/cours, le directeur évoque l’hypothèse d’une réduction du temps présentiel des stagiaires. Sans réduire le volume d’intervention des enseignants, ce dispositif permettrait la mise en place d’un plus grand nombre de formations individualisées.

Nous avons également déploré l’absence de temps d’observation dans la classe du tuteur.

L’ESPE envisagerait un allègement des temps de formation en présentiel à l’ESPE au cours du moins de septembre pour prendre en compte ce besoin.

Nous avons interrogé l’ESPE sur le dispositif d’alerte. Nous proposons la mise en place d’un dispositif d’aide renforcée, la notion d’alerte faisant référence à la mise en danger des élèves. Il y a certainement un accompagnement renforcé qui peut éviter à de jeunes collègues d’en arriver là…. Et le tuteur ne peut pas répondre à toutes les difficultés !

5. Besoin de reconnaissance, de renouveler leur pratique, d’innover, volonté d’enrichir leur pratique. Tension terrible car l’institution a deux exigences opposées : EMF = chercheur, enseignant qui innove mais temps et énergie plus disponibles pour ça…

L’ESPE entend ces besoins.