Madame l’Inspectrice,
J’accuse réception de votre invitation pour la réunion concernant les difficultés rencontrées par les directeurs dans la réalisation de leurs missions.
Toutefois, je vais la décliner pour plusieurs raisons explicitées ci-après :
- Mon indisponibilité tout d’abord ; mais deux interrogations s’imposent à moi. Pourquoi à un moment réservé à la vie privée ? Pourquoi ne pas l’avoir programmée sur le temps de classe ?
Bien entendu, j’aurais pu encore une fois trouver des solutions mais ce moment de la semaine est réservé à mes enfants (mes enfants de ma maison, pas ceux de mon école). Or ce sont toujours eux qui font les frais des demandes institutionnelles puisque je dois très régulièrement sacrifier les temps passés en famille pour mener à bien mes missions de directeur.
- Alors que j’ai consacré temps et énergie lors ma participation à des réunions académiques consacrées à la simplification des tâches des directeurs, le retour positif pour mes collègues et moi-même reste inexistant. Des promesses furent faites… et ce n’est pas faute aux représentants du personnel d’avoir rappelé, demandé, dénoncé ce fait…
Constat amer d’une communication médiatique largement privilégiée à la réelle prise en compte de cette simple réalité qu’est la difficulté toujours grandissante des directeurs pour mener à bien leurs missions. Je ne saurais souscrire une nouvelle fois à ce que je qualifierais de parodie ou Comedia del arte car au final, c’est bien ce ressenti qui reste en moi.
- Alors que le directeur que je suis (et à l’image de tous les directeurs) demande moins de tâches et plus de temps pour les réaliser correctement sans mettre en danger et ma classe et ma vie privée, je me vois imposer une demi-journée supplémentaire de travail. J’aurais donc encore moins de temps à consacrer à ma famille et toujours autant de missions urgentes à réaliser… Percevez-vous le signal fort qui nous est renvoyé à nous directeurs asphyxiés par des tâches toujours plus nombreuses et des missions toujours plus complexes ?
J’ai conscience que si votre démarche répond à l’injonction ministérielle, elle est surtout guidée par cette volonté qui vous anime de vouloir aider chacun de vos enseignants et de vos directeurs. Soyez certaine que chacun a pris la mesure de cette politique humaine qui vous honore. Je tiens à vous exprimer mes plus sincère remerciements car j’y retrouve les valeurs qui donnent du sens à mon engagement au service de l’Ecole.
Toutefois, malgré vos grandes qualités humaines et conformément aux consignes intersyndicales dont vous avez été destinatrice, maintenant je dis STOP…
Et puis mon courrier ne se suffit-il pas à lui-même ?
Je vous prie d’agréer, Madame l’Inspectrice, mes salutations dévouées et déférentes.
Un directeur parmi d’autres…