Le 11 mai : pas partout et pas partout pareil !

Les organisations syndicales ont été « reçues » par la Rectrice pour échanger sur une éventuelle reprise le 11 mai et faire remonter le fruit de cette réflexion collective au niveau ministériel.

La Rectrice a commencé par rappeler les paroles du premier ministre et du ministre de la santé lors de l’allocution du 19 avril et les raisons de cette reprise le 11 mai, date annoncée par le Président de la République car il fallait « donner une date pour rassurer la nation ».

Ainsi, les raisons de la réouverture progressive des écoles le 11 mai sont 

d’ordre économique (permettre le retour au travail des salariés et des employeurs car la crise économique va être majeure entraînant une récession brutale par une perte de croissance de plus de 8%)
d’ordre social pour permettre de recréer du lien avec les enfants décrocheurs et de permettre à des enfants de milieux sociaux défavorisés de retrouver un cadre plus sécuritaire.

Elle a ensuite indiqué les conditions de cette reprise soumise à plusieurs conditions 

la capacité d’accueil en réanimation qui doit être rétablie (donc plus sous tension comme actuellement, NDLR)
la maîtrise de la circulation du virus qui doit être avérée,
les conditions de sécurité qui doivent être optimales (un protocole national va être édité et sera adapté au niveau local, un guide concernant l’entretien des locaux va être édité par le ministère du travail dont le contenu s’imposera aussi bien aux collectivités qu’aux entreprises). Ces conditions de sécurité qui seront indiquées dans le protocole national seront le minimum et elles devront être garanties par les autorités territoriales. Le rassemblement de toutes ces conditions constituera le point de départ de l’étude de faisabilité concernant la réouverture d’une école.

Enfin elle a explicité le terme « progressif » et a insisté sur plusieurs points

l’adaptation du protocole selon les réalités du terrain que ce soit au niveau académique, départemental ou même infra-départemental. La réalité d’une école étant autre que celle d’une école un peu plus loin.
la nécessité de s’adapter aux réalités locales pour faire respecter les gestes barrière et la distanciation sociale (organisation matérielles, gestion de l’espace, gestion des transports scolaires, gestion de la restauration scolaire, etc.) et d’être en possession du matériel sanitaire adéquat. En l’absence de tout traitement médical éprouvé, seul le strict respect de ces gestes barrière et de cette distanciation sociale sont une garantie.

Le SE-Unsa a bien entendu présenté ses demandes (voir notre article ICI) ainsi que la nécessité d’un marquage au sol (comme dans les commerces) afin d’avoir des repères visuels dans le cadre de la distanciation sociale. Nous avons eu des réponses claires ou, tout aussi clairement, simplement que la réponse n’était pas encore connue mais qu’elle le serait à la lecture du protocole national.

Alors concrètement, comment cela va-t-il se passer ?

« Très doucement et très progressivement »,

« Il n’est pas question de faire revenir d’ici le mois de juillet l’ensemble des élèves de l’académie »,

« Toutes les écoles ne rouvriront pas le 11 mai » selon Madame Laporte.

Il y aurait un temps de « pré-rentrée » (une semaine a été demandée par le SE-Unsa notamment) pour permettre aux équipes de se retrouver et de s’organiser.

Plusieurs possibilités devraient être étudiées au niveau local comme la rentrée par niveaux (cycle 3 d’abord, puis plus tard cycle 2, la maternelle ne serait pas concernée par un retour avant les vacances d’été) et par petits groupes d’élèves. Il faudra cibler les publics qui seront accueillis (décrocheurs, élèves en difficultés, etc.). Il y aura donc potentiellement de l’enseignement en présentiel et de l’enseignement en distanciel.

Le contenu des enseignements doit, comme pour la continuité pédagogique, viser à consolider les notions vues depuis le début de l’année scolaire. Il faut acter que les programmes ne seront pas bouclés cette année, ce sera le défi de l’année prochaine. Les enseignants n’ont pas de pression à avoir à ce niveau.

Ce serait donc bien à un niveau local que se détermineraient les contours de cette reprise.

Et pour les collègues ?

Les personnels à risques ou devant s’occuper de jeunes enfants ne pourront pas faire de présentiel. Le système actuel s’appliquerait.

Pour les personnels vivant dans le même foyer que des personnes à risques, la rectrice a répondu qu’elle n’avait pas la réponse mais que cette dernière devrait se trouver dans le protocole national.

De même pour les élèves à besoins éducatifs particuliers, les conditions de leur accueil (ou de non accueil d’ailleurs) devraient être explicitées dans le protocole national.

Si un collègue fait son temps de service en présentiel, il n’aura pas à assurer la continuité pédagogique : les ORS ne seront pas impactées.

Et pour les directeurs ?

Ils vont être très sollicités par cette organisation. Donc, ils ne devraient plus avoir charge de classe jusqu’à la fin de l’année scolaire afin de se consacrer pleinement à l’organisation de ce fonctionnement innovant car inédit.