CP dédoublés, avis hors classe et classe exceptionnelle, futurs nouveaux programmes : la déclaration liminaire du SE-Unsa. CAPD du 5juillet 2018

Monsieur l’Inspecteur d’académie, mesdames et messieurs les membres de la CAPD du Bas-Rhin,

Trois sujets dans notre déclaration liminaire : les CP dédoublés, les avis hors classe et classe exceptionnelle ainsi que les futurs nouveaux programmes.

  1.   Les CP dédoublés

Le SE-Unsa s’est adressé aux 15 écoles élémentaires de Rep+ qui ont expérimenté les CP dédoublés cette année. Voici donc les résultats de notre enquête.

73% des collègues ont en réalité 13 élèves dans leur classe. Pour les autres collègues, c’est 14 ou plus rarement 12 élèves.

Conditions matérielles estimées bonnes ou très bonnes par 81% des collègues.

20% considèrent insuffisantes ces conditions matérielles, les causes :
-le dédoublement des CP s’est fait au détriment des locaux du RASED ou de l’UPE2A.
-Pas de budget spécifique pour la classe supplémentaire.

50% des classes de CP dédoublés n’ont pas bénéficié d’une prise en charge RASED ou UPE2A. 

75% des collègues n’ont pas atteint l’objectif de 100% de réussite.

Pourquoi n’ont-ils pas réussi ?Réponses données dans des champs ouverts, regroupées en thématique de la plus à la moins fréquente-
-La très grande difficulté scolaire arrive largement  en tête:
-l’absence d’aide extérieure, ou d’aide RASED est évoquée ensuite pour remédier à cette grande difficulté scolaire.
-le cadre familial problématique
-l’absentéisme scolaire

A la question « Liberté pédagogique : avez-vous pu mettre en place les méthodes et outils de votre choix ? » 56,3 % des collègues ont répondu non !

A la question « Avez-vous ressenti plus de pression de l’institution que les années précédentes ? » 94% des collègues ont répondu oui.

A la question : « Comment cette pression s’est-elle exercée ? »Réponses données dans des champs ouverts, regroupées en thématique de la plus à la moins fréquente-
1) la quantité de réunions et de formations
2) les visites en classe
3) l’exigence de modification des pratiques, la remise en question, les injonctions pédagogiques parfois floues et contradictoires.
4) l’exigence induite par l’expression « 100% de réussite »
Puis les arguments évoqués une seule fois :
5) La mise en concurrence des écoles et la comparaison de leurs résultats.
6) Un collègue écrit que cette pression s’est exercée « Avec bienveillance et avec un souci de nous accompagner le mieux possible pour aider les élèves. »

Pour le SE-Unsa, une réflexion doit être engagée sur la pression exercée sur ces classes  mises sous les feux de la rampe. La pressurisation des équipes ne leur permet pas de travailler dans la sérénité. Et malgré des effectifs allégés, l’école ne peut pas tout, notamment sans un recours volontariste à des aides spécialisées.

  1.   Les avis hors classe et classe exceptionnelle

Nous l’avons déjà dit et le redisons encore. L’absence de communication et l’absence d’affichage de critères objectifs pour l’attribution des avis IEN a provoqué auprès de nombreux collègues des réactions tout-à-fait légitimes. Des avis d’IEN ont été vécus comme incompréhensibles. L’impact de ces avis est indéniable sur le moral des troupes. Mise en concurrence, absence de reconnaissance, frustration, démobilisation, perte de sens de l’engagement professionnel : les nouvelles campagnes de changement de grade n’honorent personne et causent des dégâts réels sur les RPS des enseignants.

Pour le SE-Unsa, l’administration locale a fait le choix dommageable de ne pas expliquer aux personnels comment elle a procédé pour attribuer ses avis. Comme toujours, l’absence de transparence engendre un fort sentiment d’arbitraire, bien compréhensible. Comment pouvoir accepter un avis porté sur sa valeur professionnelle quand on ne comprend pas comment il a été attribué ? Des collègues ont été atteints, et durablement. Leurs nombreux témoignages sont révélateurs et inquiétants.

Il est nécessaire que les avis attribués pour l’accès à la hors classe puissent être revus dès l’an prochain. Quelles mesures RH allez-vous prendre pour réparer les dégâts causés ?

  1.   Les futurs nouveaux programmes

Des « ajustements » des programmes des cycles 2, 3 et 4 applicables dès la rentrée seront présentés lors du prochain Conseil supérieur de l’éducation. Des repères annuels devraient être publiés dans les mois à venir. Le ministère n’a même pas attendu cette instance statutaire pour communiquer, comme à son accoutumée, par voie de presse.

Pour le SE-Unsa, l’agitation et les lubies des ministres successifs mettent les professionnels de terrain dans une tension extrême. L’école et ceux qui la font vivre ont besoin de stabilité ! A quand une école « durable », une école de la confiance, où les enseignants seraient considérés comme des professionnels, et non des exécutants ?

Au SE-Unsa 67, nous comptons bien sur l’intelligence de terrain des IEN pour ne pas répercuter sans recul les prescriptions ministérielles sur les équipes enseignantes. Ces dernières ne pourront pas à nouveau dès la rentrée remettre sur le métier le fastidieux ouvrage des programmations et progressions. Pour nous, il faut laisser les équipes s’adapter à leur rythme, en professionnels de terrain.

Pour le SE-Unsa c’est la confiance en ce professionnalisme des enseignants qui doit être la boussole des hiérarchiques intermédiaires.