CTA : notre déclaration liminaire. 28 juin 2019

Madame la Rectrice, mesdames et messieurs,

Depuis plusieurs années, l’Unsa éducation tient un baromètre des métiers de l’éducation qui lui permet de mesurer les variations de moral, d’opinion et d’aspirations des agents du champ de l’éducation.

La 7ème édition du baromètre de nos métiers auquel 25 830 collègues ont participé révèle de profonds bouleversements par rapport aux années précédentes. Il exprime à la fois un mal-être des collègues mais aussi une rupture confiance entre les personnels et le ministre de l’Éducation nationale.

Si nos collègues aiment toujours très majoritairement leur profession (92,7 %) et sont heureux de l’exercer (78,7 %), de nombreux indicateurs montrent une incompréhension voire une opposition aux politiques menées. Ainsi, seulement 10,4 % des personnels de l’éducation (6,5 % chez les enseignants) se disent en accord avec les choix politiques faits contre 20,8 % en 2018.

Le pouvoir d’achat reste la première priorité des personnels, avec 62,5 % (+ 6 points d’augmentation). Les perspectives de carrière ne sont satisfaisantes que pour 13,6 % (- 6 points) et leur rémunération n’est jugée à la hauteur de leur qualification par seulement 11,8 % d’entre eux (- 3 points).

On peut donc retenir que nos collègues sont globalement heureux d’exercer leur profession mais qu’ils sont aussi davantage en souffrance et plus en désaccord politique qu’avant.

Seuls 27,5 % des collègues recommanderaient leur métier à un jeune de leur entourage, soit 10 points de moins par rapport à 2018. Il y a en revanche 25,6 % des répondants, soit une augmentation de 6 points, qui envisagent d’aller travailler dans le privé. Les questions d’actualité confirment la remise en question des politiques menées. Ainsi 78,8 % ne se déclarent pas suffisamment accompagnés dans les nombreuses réformes engagées. 90 % se disent préoccupés par le projet de loi de transformation de la Fonction publique.

Nos collègues ont également été questionnés sur les élections européennes et sur l’écologie. 65,9 % veulent changer le modèle de développement économique au profit d’un développement durable et 54,5 % font de la nécessité d’une Europe plus sociale, écologique et démocratique un enjeu majeur. Cela fait écho aux 66 propositions pour le pouvoir d’agir que l’Unsa porte aux côtés d’autres organisations syndicales et associatives, avec l’urgence d’un pacte social et écologique.

Ce baromètre nous donne de nombreuses indications sur l’état d’esprit de la profession. Le ministre de la confiance doit en tenir compte s’il veut la rétablir et nous comptons sur ces représentants, ici présents, pour le lui faire savoir.

Sur le plan académique, dans les établissements, l’Unsa éducation souhaite vous interpeller sur plusieurs sujets :

  • Nous arrivons en fin d’année et les équipes de direction sont en attente de réponses concernant les postes d’AED provisoires dévolus à l’éducation prioritaire, les postes d’APS, les IMP …L’Unsa éducation ne comprend pas les raisons des silences rencontrés face aux demandes répétées des personnels de direction aux services. Pourquoi aucune réponse ne peut être donnée…Vous l’avez rappelé à plusieurs reprises, les personnels de direction sont des cadres autonomes et responsables, nous pouvons entendre toutes les réponses …mais ce silence leur est incompréhensible.
  • Vous avez reçu un courrier émanant des chefs d’établissement de l’éducation prioritaire vous faisant part de leurs vives inquiétudes concernant la réduction drastique des moyens en HSE de l’accompagnement éducatif…Mme La Rectrice, ces activités sont inscrites dans les projets d’établissement, de réseaux et sont un des leviers significatifs pour développer l’appétence des élèves pour les sciences, le sport, et la culture en particulier. Elles permettent également de travailler la persévérance, le goût de l’effort, la concentration, qui font tant défaut au public accueilli. L’unsa éduccation est consciente et partage la nécessité de contribuer au dispositif académique de devoirs faits mais cette application ne doit pas se faire au détriment des collèges de l’éducation prioritaire. Nous vous demandons de bien vouloir revoir ces attributions au risque de mettre un coup d’arrêt à ces dispositifs tels que les parcours d’excellence, les cordées….
  • En ce qui concerne la réforme du lycée, l’Unsa éducation continue à vous alerter sur une préparation de rentrée basée sur des suppositions et les conséquences d’une dotation de moyens qui risque de ne pas être à la hauteur. Ces incertitudes pèsent sur la constitution des Emploi du temps et sur les ressources humaines. Il faudra que les services soient mobilisés pour répondre aux questions qui ne manqueront pas de se poser.
  • Enfin, l’Unsa éducation est en attente de réponses concernant la réforme territoriale, la gouvernance et les incidences.

Autre sujet qui nous inquiète très fortement, les SEGPA et leurs dotations. Les directeurs de SEGPA avaient lancé une première alerte, au mois de mars, lors d’une audience chez la DASEN du Bas-Rhin. Ils pensaient avoir été entendus, mais ils nous disent aujourd’hui que la casse continue. A ce jour, nombre de SEGPA n’ont pas pu préparer la rentrée ; une DHG tardive et encore fluctuante, allouée sans transparence, sans critères en est la cause. Certains se retrouvent avec des cours doubles, état de fait qui ne reposerait sur aucun fondement législatif, et qui ne serait jamais imposée à aucun collège, à aucun parent d’élève ! De plus, les effectifs de certaines classes atteignent allègrement les 20 élèves, voir 24 dans une SEGPA ; on alloue dans ces cas-là un volant d’heures, destinée sans doute à compenser le grand nombre et à permettre quelques dédoublements.
Le ressenti déjà exprimé par les directeurs au mois de mars persiste : la grande difficulté scolaire n’intéresserait-elle donc plus notre administration ? Les élèves et les équipes sont laissés pour compte, alors même que chacun sait parfaitement que les élèves accueillis dans ces structures sont les plus fragiles, les plus en risque de décrochage., et le coût social du décrochage est connu… L’école inclusive, grand objectif du ministère fait aussi les frais de cette gestion comptable : quelles inclusions sont possibles avec de tels effectifs ? Comment les personnels peuvent-ils être personnes ressources dans leur établissement lorsqu’ils se débattent avec des classes surchargées ou des cours doubles ? L’accueil des élèves en situation de handicap, d’ITEP, d’ULIS se faisait en grande partie dans les SEGPA ou en en s’appuyant sur l’expertise des enseignants spécialisés ; ce ne sera donc bientôt plus possible.
La crédibilité et l’image de la SEGPA sont fortement écornées par la rentrée qui se prépare. Les directeurs de Segpa demandent que les SEGPA aient les moyens de fonctionner dignement, avec 4 divisions, comme le texte le prévoit, ils demandent à connaître leur DHG à temps pour construire une rentrée sereine, ils demandent que les personnels nommés en SEGPA soient considérés et soient avertis de leur affectation avant le 23 juin.

Les directeurs de SEGPA sont en colère ; leurs structures apportent une plus-value réelle aux collèges dans lesquelles elles sont implantées. Encore faut-il qu’elles ne soient pas asphyxiées et que l’administration n’organise pas leur mort lente.