Madame l’Inspectrice d’Académie
Mesdames et messieurs les membres du CTSD,
Les évènements de janvier 2015 ont engendré une augmentation des préconisations hiérarchiques concernant la Citoyenneté et le Vivre ensemble occultant ainsi le travail réalisé quotidiennement sur le terrain et ce depuis longtemps par les enseignants.
Les changements inhérents à la réforme des rythmes demandent de nombreux efforts aux enseignants. Ils sont en première ligne, confrontés aux réalités de la mise en œuvre. Nous pensons que cette réforme va dans le bon sens, cependant nous ne considérons pas sa mise en place comme étant la plus efficiente qui soit. La pression doit être moins forte et l’accompagnement des équipes doit devenir réalité afin de permettre à tous de s’approprier ce nouveau contexte.
Le SE-Unsa vous a écrit, il y a 15 jours, pour vous demander quels étaient les échéanciers pour les écoles qui veulent revoir leurs horaires. Nous attendons la réponse.
Dans ce contexte de crispations, la désignation, plus que nébuleuse, des rep et rep+ alsaciens ne fait que rajouter de la colère et de l’incompréhension là où il y a déjà parfois un sentiment d’abandon. Plus qu’ailleurs, dans ces quartiers en difficulté, la confiance est primordiale et doit se faire à tous les niveaux. Les enseignants investis dans les ZEP depuis de nombreuses années ne pourront que se sentir démotivés s’il n’y a aucune ou peu de reconnaissance de la difficulté des élèves avec lesquels ils travaillent.
Nous sommes pleinement conscients que la tâche est compliquée mais la rendre opaque n’améliore rien. Nous sommes tous partenaires et avons tous la volonté que l’éducation puisse, au maximum de ses possibilités, lutter contre un déterminisme social. Il faut cesser d’avoir des postures comptables et prendre des responsabilités éducatives en toute transparence ; cette transparence, élément essentiel à la clarté est le garant des valeurs de notre république. Certes, vous n’êtes pas obligés de donner les chiffres utilisés pour les différents indicateurs, mais vous n’êtes pas plus obligés de ne pas les donner. Faire un choix d’opacité, c’est mettre à mal la confiance que les collègues peuvent avoir envers l’Administration. Lorsque nous vous avions demandé si les écoles rattachées à un REP+ seraient effectivement toutes en REP+, vous nous aviez répondu que cela dépendrait des indicateurs de chaque école. Or nous ne savons toujours pas quels ont été les données utilisées pour ces indicateurs.
Par ailleurs nous remarquons, sur le terrain, de gros problèmes de remplacement et de recrutement en particulier, dans le bilingue. Une collègue dont la continuation du mi-temps thérapeutique a été refusée, s’est retrouvée à gérer, du jour au lendemain, trois niveaux supplémentaires en élémentaire alors qu’elle était sur des postes de maternelle depuis de nombreuses années. L’IEN lui a fait remarquer que le bilingue avait besoin de beaucoup de personnel… Hormis cette réponse comptable digne d’un DRH alors que nous préconisons une gestion tendant vers une DHR (Direction Humaine des Ressources), comment se fait-il que dans ce contexte, des sites bilingues continuent à être ouverts ? Ne faudrait-il pas adapter initialement le cursus formatif et donc former du personnel en nombre suffisant avant d’ouvrir de nouveaux sites afin de permettre à la voie bilingue de se mettre en place correctement ? Nous questionnons donc la pertinence des choix politiques qui sont faits par le recteur qui se permet par ailleurs de communiquer à la presse au sujet des ouvertures en bilingue une semaine avant la tenue du CTSD. En ce qui concerne l’école européenne de Strasbourg, comment se fait-il que cet établissement reçoive 10% des IMP alors qu’il accueille 1 % des élèves. L’Education Nationale n’est pas une vitrine et les enseignants ne sont pas des laveurs de carreaux. Ce sont les élèves qui pâtissent les premiers d’une répartition inéquitable des moyens.
Madame l’Inspectrice d’Académie, dans l’attente de vos réponses à des questionnements légitimes, soyez assurée que nous, représentants de tous ces personnels particulièrement dévoués, resterons vigilants et critiques comme force d’opposition mais aussi de propositions dans l’intérêt d’un service public d’éducation particulièrement, vous en conviendrez, performant malgré les aléas politiques souvent, trop souvent, tumultueux..