De l’évaluation des enseignants : déclaration du SE-Unsa, CAPD du 10 12 2015

Madame l’Inspecteur d’académie,  Mesdames et Messieurs les IEN,

Voilà plusieurs années que le SE-Unsa demande la révision du barème des promotions bas-rhinoises. Nous réitérons aujourd’hui notre demande. Pour le SE-Unsa il faut faire baisser le poids de cette note sacro-sainte dont nous savons bien qu’elle fausse la situation d’évaluation professionnelle. Nous demandons à nouveau que la note ne compte plus double mais simple dans le barème de l’avancement. Rappelons que nos voisins académiques du Haut-Rhin ont un coup d’avance sur le Bas-Rhin, puisque la note compte simple dans le barème de l’avancement haut-rhinois.

Permettez-nous, quelques jours après notre colloque sur ‘l’évaluation des enseignants’, de partager avec vous nos convictions en la matière. Pour le SE-Unsa, si l’on veut inventer des modalités d’évaluation professionnelle véritablement efficaces, il est impératif, à terme, de déconnecter l’évaluation professionnelle de l’avancement.

Un groupe de travail « notation » s’est tenu l’une ou l’autre fois dans le Bas-Rhin et ne se réunit plus. Il ne faisait qu’examiner la grille de notation et la répartition des notes sur celle dernière en fonction de la pyramide des âges. En cela, il n’avait en effet que peu d’intérêt et nous supposons que c’est pour cette raison qu’il n’existe plus.

Pour le SE-Unsa, l’inspection des enseignants qui tient lieu d’évaluation professionnelle, ne peut en aucun cas se restreindre à un simple contrôle de conformité. J’espère que nous en sommes tous convaincus ici. Alors, si l’objectif de l’inspection est bien de faire progresser les pratiques professionnelles des collègues, si l’inspection consiste bien en une évaluation formative des enseignants – ce que nous espérons – et bien il faudra encore que l’institution progresse.

Je m’explique. Aujourd’hui, dans notre département, les collègues sont évalués sur la base du référentiel de compétences du PE, constitué de 19 compétences connues. On est donc arrivé à une évaluation par compétences : on avance. Mais une note en résulte toujours. Une petite conversion doit donc être effectuée… un certain nombre de cases cochées ou non sont converties mystérieusement en une note sur 20. C’est incohérent, c’est obscur, et lâchons le mot : c’est infantilisant.

Au-delà de la note, considérons l’évaluation par le biais des 19 compétences. Pour le SE-Unsa, il serait faux de penser que cette évaluation par compétences garantirait l’objectivité de l’inspection.

En effet, avant d’inspecter, comment les IEN expliquent-ils leurs attentes et le degré de maîtrise attendu pour chacune des 19 compétences ? Selon quels indicateurs, selon quels observables, la compétence unetelle est-t-elle jugée « avérée » ou « à renforcer » ? En clair, où est la grille d’évaluation de l’acquisition des 19 compétences ?

Si la forme du rapport d’inspection a changé, au SE-Unsa nous jugeons toujours les modalités et critères de l’inspection flous. Nous sommes convaincus que pour être efficace, l’évaluation doit être pratiquée sur la base de critères parfaitement limpides : les grandes compétences déclinées en sous-compétences qui seraient observables et dont les degrés d’acquisition seraient explicites et annoncés à l’évalué au préalable.  

En outre, quid de l’auto-évaluation ? Quel rôle est donné au professionnel dans sa propre évaluation ? Comment pourrait-il honnêtement faire état de ses besoins ou de ses faiblesses ? Cette honnêteté est bien trop risquée puisqu’elle pourrait induire une note moins bonne, note qui rappelons-le, a des conséquences sur ses futures affectations et compte double dans ses promotions à venir.

Tant que ces dynamiques-là ne seront pas en place, le ressenti d’arbitraire perdurera autour de l’inspection.

Quelques rappels : Dans notre sondage « Mon inspection et moi » de novembre 2014, 

45% des collègues déclaraient ne pas connaître précisément les attentes de leur inspecteur ainsi que les critères de leur évaluation.

69 % des collègues affirmaient que les inspections ne modifiaient pas leur pratique professionnelle.

Madame l’IA-Dasen, Mmes et M. les IEN, si nous voulons que l’Inspection transforme les pratiques des collègues et les aide à progresser, il faut encore la faire évoluer. Elle doit cesser d’être cette rencontre fantasmée où l’agent tente de faire plaisir à son N+1 en essayant de deviner ce qui lui ferait plaisir. Enseignants et IEN sont pourtant des professionnels qui se reconnaissent réciproquement comme tels.

Le SE-Unsa demande donc que dans chaque circonscription, les collègues soient destinataires d’un document d’accompagnement qui explicite pour chaque compétence évaluée, les indicateurs observables sur lesquels l’IEN s’appuiera pour valider ou non les 19 compétences. Il ne peut y avoir de sérénité, de confiance, que s’il y a transparence absolue.

En syndicat progressiste, le SE-Unsa vous propose de travailler sur des modalités et des outils partagés. Nous réitérons ainsi notre demande d’un groupe de travail départemental sur l’évaluation des enseignants.