Etats d’âme de rentrée, notre déclaration -CAPD du 27 août 2019 : les réformes, les programmes, l’école inclusive , les évaluations, les projets d’école…

La rentrée, moment du grand plongeon après l’été. Moment plein d’énergie, mais aussi de stress, d’angoisse parfois, pour les élèves comme pour les professionnels.

Au nom du SE-Unsa, je vais bien entendu nous souhaiter à tous, membres de la CAPD du Bas-Rhin, des vœux pour cette nouvelle année scolaire. Mais je souhaite surtout que les collègues que nous représentons ici, aient les conditions de travail qui leur permettent d’accomplir avec sérénité les missions qui leur sont confiées.

Je ne vous le cache pas, au SE-Unsa, nous avons quelques inquiétudes.

– Nombre de réformes arrivées cet été ne vont simplifier la tâche ni des directeurs ni des adjoints. La mise en place des PIAL, les papiers pour l’aménagement de la scolarité des PS, sont des exemples de ces nouvelles tâches supplémentaires. Quelles dispositions ont été prévues par l’administration pour les accompagner ? Les IEN et les équipes de circonscription seront-ils les seuls recours pour les équipes pédagogiques afin de mener à bien ces missions qui s’empilent ?

– Nombre de collègues dans les écoles vont attaquer des programmes qu’ils doivent à nouveau « réajuster ». Ils disent être fatigués de ces modifications successives, dont ils perçoivent mal le sens. Ils doivent absorber, souvent très rapidement ces modifications qui viennent d’en haut et sont perçues comme technocratiques et déconnectées de la vraie vie.

– Le ministre insiste sur l’école inclusive. Mais ces annonces ne deviendraient réalité que si elles étaient accompagnées des moyens des ambitions affichées. La multiplication des mutualisations d’AVS et donc la diminution du temps de présence auprès de chaque enfant notifié ne sera qu’un subterfuge et nous prévoyons que dans les faits ce seront bien les conditions de travail de nos collègues ainsi que leurs risques psycho sociaux qui seront encore dégradés.

– A la rentrée 2017, 400 élèves avec notification d’accompagnement n’étaient pas accompagnés. L’année dernière, le déficit avait été moindre. Qu’en est-il de l’enveloppe bas-rhinoise pour cette année ?

– Concernant l’ASH toujours, des élèves sont en Segpa ou en Ulis ou maintenus en GS par défaut de places dans les IME ou dans les ITEP. Où en est le travail engagé avec l’Agence Régionale de Santé ?

– Au sujet des demandes d’ineat : le SE-Unsa déplore toujours que tant de demandes d’ineat pour notre département continuent à être refusées. Elles émanent de collègues qui souhaitent simplement se rapprocher de leur famille (donc du domicile familial) et qui sont souvent dans l’obligation de demander une disponibilité afin de respecter a minima l’article 215 du code civil « Les époux s’obligent mutuellement à une communauté de vie »…

– Parlons à présent des évaluations nationales CP/CE1 2019… Pour le SE-Unsa, ce dispositif imposé ne constitue toujours pas une plus-value pour les enseignants et pour les élèves. La confusion persiste sur leur finalité, vascillant entre évaluations diagnostiques et évaluation de la performance du système. Pour nous, des évaluations nationales ne peuvent être que des outils au service des équipes, outils centrés sur une fonction diagnostique. Les enseignants ont en effet reconnu une très faible utilité à ces évaluations, notamment pour déceler des difficultés qu’ils n’auraient pas déjà repérés. Concernant le contenu des exercices, les retours critiques des mêmes enseignants et des organisations syndicales ont souligné le caractère inapproprié de certains exercices. Ils seront pourtant maintenus dans le protocole 2019. Cette surdité ministérielle est incompréhensible.

En outre, la réelle surcharge de travail induite par ces évaluations se fait au détriment des activités d’enseignement et des autres activités professionnelles (préparation, correction, équipes éducatives, équipes de suivis de scolarisations, rencontres avec les familles). Le SE-Unsa demande d’accorder une compensation à tous les enseignants concernés par la saisie des réponses des élèves. Si le ministre n’y donnait pas suite, nous solliciterons l’échelon départemental pour leur octroyer cette compensation qui n’est que justice.

– Enfin, quelques mots sur les projets d’école. Les équipes vont devoir finaliser leur nouveau projet d’école sous peu. A nouveau, partout dans les écoles, on va phosphorer, inventer des actions pour faire progresser ses élèves. Pourquoi ne pas  mettre en place une vraie mutualisation des actions, mutualisation qui permettrait de sortir certaines équipes de leur isolement, mutualisation qui apporterait des idées nouvelles à certaines équipes en mal d’inspiration, mutualisation qui rendrait moins fastidieuse la rédaction de ces projets d’école, vécus encore bien souvent comme artificielle et chronophage par de nombreuses équipes.

Pour terminer, quelques vœux que le SE-Unsa formule pour cette année scolaire :

Je nous souhaite à tous d’être bienveillants à l’égard de ceux sans qui rien n’est possible, les enseignants. Face aux difficultés qu’ils rencontreront, personnelles ou professionnelles, il nous faudra redoubler d’attention, de bienveillance, car ils ont besoin de soutien et de reconnaissance pour exercer leur exigeant métier.

Je nous souhaite aussi de savoir nous positionner de façon intelligente et critique, face aux injonctions de la rue de Grenelle. Car c’est localement que se trouvent l’expertise et l’intelligence de terrain.

Puissent ces vœux éclairer nos débats, tant dans le cadre des instances du dialogue social que lors des audiences ou des accompagnements de collègues qui jalonneront 2019/2020, à la DSDEN ou en circonscriptions.

Bonne année scolaire