Madame la directrice académique, mesdames et messieurs,
Depuis plusieurs années, l’Unsa éducation tient un baromètre des métiers de l’éducation qui lui permet de mesurer les variations de moral, d’opinion et d’aspirations des agents du champ de l’éducation.
La 7ème édition du baromètre de nos métiers auquel 25 830 collègues ont participé révèle de profonds bouleversements par rapport aux années précédentes. Il exprime à la fois un mal-être des collègues mais aussi une rupture de confiance entre les personnels et le ministre de l’Éducation nationale.
Si nos collègues aiment toujours très majoritairement leur profession (92,7 %) et sont heureux de l’exercer (78,7 %), de nombreux indicateurs montrent une incompréhension voire une opposition aux politiques menées. Ainsi, seulement 10,4 % des personnels de l’éducation (6,5 % chez les enseignants) se disent en accord avec les choix politiques faits contre 20,8 % en 2018.
Le pouvoir d’achat reste la première priorité des personnels, avec 62,5 % (+ 6 points d’augmentation). Les perspectives de carrière ne sont satisfaisantes que pour 13,6 % (- 6 points) et leur rémunération n’est jugée à la hauteur de leur qualification par seulement 11,8 % d’entre eux (- 3 points).
On peut donc retenir que nos collègues sont globalement heureux d’exercer leur profession mais qu’ils sont aussi davantage en souffrance et plus en désaccord politique qu’avant.
Seuls 27,5 % des collègues recommanderaient leur métier à un jeune de leur entourage, soit 10 points de moins par rapport à 2018. Il y a en revanche 25,6 % des répondants, soit une augmentation de 6 points, qui envisagent d’aller travailler dans le privé. Les questions d’actualité confirment la remise en question des politiques menées. Ainsi 78,8 % ne se déclarent pas suffisamment accompagnés dans les nombreuses réformes engagées. 90 % se disent préoccupés par le projet de loi de transformation de la Fonction publique.
Nos collègues ont également été questionnés sur les élections européennes et sur l’écologie. 65,9 % veulent changer le modèle de développement économique au profit d’un développement durable et 54,5 % font de la nécessité d’une Europe plus sociale, écologique et démocratique un enjeu majeur. Cela fait écho aux 66 propositions pour le pouvoir d’agir que l’Unsa porte aux côtés d’autres organisations syndicales et associatives, avec l’urgence d’un pacte social et écologique.
Ce baromètre nous donne des indications fort judicieuses sur l’état d’esprit de la profession. Le ministre de la confiance doit en tenir compte s’il veut la rétablir, cette confiance et nous comptons sur ses représentants, ici présents, pour le lui faire savoir.
Un autre sujet, à l’ordre du jour de la CAPD d’aujourd’hui, n’est pas sans conséquence sur le moral de nos collègues.
Après avoir sollicité début juin une audience auprès de Mme Bazzo, demande d’abord restée sans suite, le SE-Unsa a déposé une alerte sociale relative aux avis sur la valeur professionnelle des enseignants, octroyés sans rendez-vous de carrière.
Nous avons été reçus le 17 juin pour lire 7 témoignages de collègues, qui décrivent précisément les conséquences délétères de l’avis obtenu sur leur réalité au quotidien.
Mme Bistos, dasen-adjointe a d’emblée affirmé qu’il serait impossible de déroger au cadre règlementaire imposé par le texte ministériel : les avis octroyés l’an dernier sont pérennes, un point c’est tout… Des dasen ayant contourné cette règle existent dans plusieurs départements. Ce ne sera pas le cas dans le Bas-Rhin, qui appliquera le texte à la lettre ! De la même façon, le SE-Unsa rappelle que les recours opérés par ces collègues n’ont jamais été étudiés en CAPD, le Dasen précédent ayant estimé que ces recours ne pouvaient être effectués qu’à l’issue des RV de carrière.
C’est donc clairement une double peine pour les collègues constituant « le stock » des promouvables 2018 (comprendre la masse de collègues qui ont fait les frais de la transition entre les 2 systèmes successivement en vigueur pour accéder à la hors classe).
Pour seule réponse, Mme Bistos a convenu que le « sentiment d’incompréhension » de ces collègues devrait être « accompagné » par l’administration. Comprendre, que les IEN de ces derniers viendraient leur expliquer pourquoi ils avaient attribué tel ou tel avis…
Nous avons pointé et continuons de le faire, l’absence de transparence et de lisibilité qui entoure l’octroi de ces avis, les conséquences parfois graves sur les personnes en quête de cohérence dans leurs évaluations successives ainsi que de reconnaissance de leur engagement par leur hiérarchie. Un certain nombre d’entre eux a également subi un sérieux déclassement dans le tableau d’avancement des promouvables, entre les campagnes 2017 et 2018.
D’une circonscription à l’autre, des critères différents ont été employés (ancienneté ici, « engagement » là…).
La pérennisation de l’avis, tranchée récemment par le ministère, porte l’estocade à ces collègues dont un certain nombre reste sur le flanc.
Suite aux campagnes de promotions 2019 d’accès à la HC et à la classe exceptionnelle, des collègues rejoindront donc la liste déjà existante des heureux élus.
Dans le même temps, d’autres collègues rejoindront celle de ceux qui se sentiront « déclassés, déçus, démotivés ou humiliés ». (Et ce sont bien ces mots qu’ils en disent !)
Pour le SE-Unsa il n’est pas acceptable de continuer à évaluer les personnels sans prendre en compte les conséquences psycho-sociales de cette évaluation !
Madame l’IA-Dasen, Mesdames et Messieurs les IEN, cela relève de votre responsabilité de prendre en charge cette problématique RH, puisqu’en tant que responsables hiérarchiques vous êtes chargés de veiller à la protection de la santé des agents placés sous votre autorité. (Décret n°82-453, article 2-1)
Pour finir cette déclaration, un petit point mouvement. Nous nous dirigeons vers la fin des opérations du mouvement 2019. Dans quelques mois, la compétence mouvement ne relèvera plus officiellement des CAPD. De façon très pragmatique, nous nous demandons bien comment les services, malgré l’engagement des personnels de la D1D, pourraient se passer des représentants du personnel, dont l’expertise permet de relever un grand nombre d’erreurs. Lundi encore, nous vous avons signalé que le 1er document des participants était faux… Vos services pourraient-ils raisonnablement se passer de nous ? En clair, ma question est la suivante : comment envisagez-vous le déroulement du mouvement 2020 et les suivants ?