Dans un style moins technocratique que les précédentes, la circulaire de rentrée 2013 parue au BO du 11 avril décline les priorités éducatives de Vincent Peillon. Elle concrétise la rupture avec la politique de ses prédécesseurs et tente d’amorcer une première étape de la refondation. Suffisant pour changer la vie des enseignants et des élèves dans les écoles, les collèges et les lycées ? Pas vraiment… Ou pas encore ?
La circulaire de rentrée 2013 présente la loi de refondation, ses objectifs, ses moyens, et son calendrier à l’ensemble des personnels. Elle leur demande à la fois de se mobiliser et d’être patients. La refondation est un processus qui s’inscrit dans la durée. Des outils essentiels ne seront pas disponibles à la rentrée. C’est le cas par exemple de la nouvelle définition du socle commun, des programmes scolaires, des nouvelles modalités d’évaluation et de certification de son acquisition. De plus, la refondation s’arrête pour l’instant aux portes du lycée. Seule la voie professionnelle est concernée par quelques aménagements possibles mais pas obligatoires.
Les priorités sont clairement fixées et assumées : la formation professionnelle des enseignants, la rénovation de l’enseignement dans le premier degré, la lutte contre le décrochage scolaire. Ces priorités, les enseignants de l’Unsa les partagent. Cependant leur mise en œuvre interroge.
Les ESPÉ se construisent dans la précipitation et l’adversité. Conflits locaux entre les universités, entre les UFR et les futurs ESPE, maquettes de concours marquées par l’académisme, les chausse-trappes sont nombreuses et la professionnalisation de la formation des enseignants risque de ne pas être au rendez-vous.
À l’école primaire, deux dispositifs sont mis en exergue, le « plus de maîtres que de classes » et la scolarisation des moins de trois ans. D’un impact limité cette année, ils ne peuvent pas porter seuls la « priorité au primaire ». Or, la gestion des moyens par les recteurs a conduit des ouvertures de postes « ordinaires » en nombre très limité (67). Les programmes de 2008 sont maintenus tels quels. Il n’y a finalement que la suppression des évaluations nationales obligatoires et la transformation de l’AP en APC qui vont concerner l’ensemble des écoles.
Quant à la lutte contre le décrochage scolaire, elle fait l’objet d’une nouvelle circulaire qui affiche de louables intentions, mais qui ressemble plus à un ripolinage de l’existant qu’à une action déterminée, capable de modifier en profondeur la situation.
Les personnels, qui sont impatients de redonner du sens à leur action et de travailler dans de meilleures conditions, risquent de rester sur leur faim. Même si le mot « confiance » est présent, même si la pédagogie est présentée comme au cœur de la refondation, cette circulaire ne propose pas un nouveau modèle de gouvernance susceptible de libérer les énergies et les initiatives dans les écoles et les établissements. Elle n’affirme pas suffisamment le changement de paradigme indispensable pour que notre système éducatif, champion des inégalités, tienne enfin sa promesse républicaine.