Après PIRLS 2016, un plan ministériel hors sujet !

Le ministre s’empare des résultats de PIRLS pour lancer son programme « maîtrise de la langue française » dont les objectifs ne sont pas centrés sur la compréhension mais sur le déchiffrage et la maîtrise du code. Il évacue la question de l’accès au sens et privilégie les apprentissages formels en relançant les découpages et les exercices traditionnels (orthographe, grammaire, vocabulaire). Il ne tire donc aucune leçon de l’échec des programmes de 2008, et mobilise les média avec une vieille technique de communication récurrente : l’annonce de la dictée quotidienne comme remède miraculeux !
Le SE-Unsa rappelle que les élèves testés sont entrés à l’école maternelle en 2009 et ont subi pleinement les effets de la politique éducative de l’ère Sarkozy (programmes de 2008, suppression de postes, réduction de moitié des enseignants spécialisés des Rased, suppression du samedi, quasi-suppression de la formation initiale et continue des enseignants).
Au lieu de s’inscrire dans une logique d’école durable en s’appuyant sur les programmes de 2015 dont enseignants et chercheurs s’accordent pour reconnaître la qualité,  le ministre les remet déjà en cause en annonçant des progressions et repères annuels et des « ajustements nécessaires ». Enfin, il ne propose aucun moyen supplémentaire, se contentant de recycler les dispositifs existants (APC, AP, devoirs faits, stages de remise à niveau) et d’imposer de nouvelles évaluations nationales en milieu de CP et en début de CE1 dès la rentrée 2018. *
L’avis du SE-Unsa
Le SE-Unsa attendait un plan ambitieux de formation, s’inscrivant dans la durée. Avec l’annonce de 9 heures d’animation pédagogique, le ministre est très loin du compte.
Pour le SE-Unsa, le ministre est à contre-courant des attentes des professionnels de l’éducation.  Il passe à côté de l’occasion de mobiliser l’ensemble de la communauté éducative pour relever le défi majeur de la maîtrise de la langue et de l’accès de tous à une compréhension autonome de l’écrit.
* L’essentiel du plan ministériel  “maîtrise de la langue française” :

-Multiplication des évaluations nationales à partir de la rentrée 2018(début de CP, milieu de CP, début de CE1). À noter que les évaluations en milieu de CP seront testées dès cette année en éducation prioritaire. Avec le temps imparti, le risque de voir des évaluations aussi bien adaptées que celles de CP en septembre est très grand…

-Retour de la dictée quotidienne

-Retour de repères annuels, qui contredisent la logique des cycles

-Recommandations du Conseil Scientifique du Ministre pour le choix des manuels

-Retour des entrées « vocabulaire, orthographe, grammaire »

-Mobilisation des heures d’APC et stages de remise à niveau

-Moitié du temps d’animation pédagogique consacrée à l’apprentissage de la lecture