Silence radio sur la Maternelle

Si l’on en croit les scientifiques, experts en neurosciences, c’est entre 3 ans et 5 ans que se développent de manière fulgurante « les compétences exécutives ».

Ces compétences permettent à l’enfant d’être autonome, de se fixer des objectifs et de les atteindre, à condition d’être stimulé dans de bonnes conditions car son envie d’apprendre et de découvrir est innée.

Entre trois et 5 ans, où trouve-t-on la quasi-totalité des enfants ?

A l’ECOLE MATERNELLE !

Et que font nos hauts fonctionnaires de l’Education Nationale, nos chercheurs et théoriciens de la pédagogie de cette donnée ?

Ils écrivent des programmes, issus certes des préconisations des enseignants de maternelle (ouf enfin une consultation qui a servi) et c’est tout. Ils en restent là !

Pas un mot sur la maternelle durant toute la campagne présidentielle, quel que soit le candidat.

Oh bien sûr, tout le monde a retenu les fameux CP et Ce1 à 12 ; mais personne n’a relevé qu’en maternelle, les effectifs sont en hausse ! Et qu’il n’est pas rare de trouver des classes avec des effectifs à 28 voire largement au-delà, et que même les REP ne sont pas épargnés.

A croire que l’école commence sérieusement à 6 ans !

Nous vivons cette triste réalité tous les jours dans les écoles maternelles de notre département.

Une grille départementale aux seuils d’ouverture et de fermeture moins favorables pour les écoles maternelles. Il paraîtrait qu’on peut apprendre facilement à vivre ensemble, à parler le français,  à jouer ensemble, avec des effectifs allant de 25 à 32. A croire que « plus on est de fous, plus on rit » ! Et tout cela dans la bienveillance bien entendu !

Les mesures d’ouvertures de classes sont peu nombreuses, se font souvent après la rentrée, mais cela ne gène aucunement notre hiérarchie qui par ailleurs nous demande de soigner les rentrées de nos petits élèves. Mais attention ! Pas de rentrée échelonnée ; on doit faire de l’accueil individuel  tout en accueillant tous les  enfants le même jour  (ubuesque).

Même en cette période où Wonder Woman revient à la mode, je ne vois pas comment faire dans la pratique !

  • RAS le bol des effectifs surchargés en maternelle (tout le monde sait bien que la fréquentation de ces petits reste aléatoire … théorie qui arrange tout le monde mais qui ne reste que théorie) pour afficher des effectifs acceptables en élémentaire.

Les rythmes scolaires auraient dû être l’occasion de prendre en compte les besoins des petits. Là encore, malgré les propositions des collègues, dans la plupart des villes et villages, on a imposé pour tous les mêmes horaires de 2 à 11 ans :

  • Ras le bol des contingences des adultes.

Les programmes de 2015 ont remisé la primarisation de la GS et mis l’accent enfin sur les réussites personnelles des élèves, soit mais :

  • Ras le bol de créer nos outils, comme par exemple, le cahier de « réussites ». Comme d’habitude, ce sont les équipes qui se sont débrouillées toutes seules. Notre Administration nous a fait confiance …. Confiance dans l’expertise des collègues ou désintérêt face à la tâche coûteuse en temps, en matériel, pour un outil sans cesse perfectible ?
  • Ras le bol également des budgets municipaux proportionnels à la taille des enfants, du manque criant d’Atsem (on est encore loin d’une atsem formée par classe), du remplacement aléatoire, de passer seulement quand les besoins en élémentaires sont satisfaits.
  • Ras le bol des plaisanteries et discours assassins et maladroits entendus : « On dort à la maternelle », « Cela ne doit pas être difficile d’enseigner en maternelle car à cet âge, ils s’amusent et ils sont si mignons, de vrais anges… » «  Vous devriez changer de poste car vous avez un problème de dos, allez en maternelle » « Vous êtes vraiment payé comme vos collègues d’élémentaire ? » C’est remarques ne font que refléter une non-connaissance de nos missions et de ce que nous faisons et vivons dans nos classes, ces remarques qui blessent les professionnels investis que nous sommes.

RAS LE BOL. Mais chut, en maternelle, c’est silence radio.

         KACT