Ministre de l’Éducation Nationale ou sinistre de l’éducation nationale ?
Classement PISA à peine dévoilé que le Ministre de l’Education Nationale annonce des mesures encore plus discutables que discutées, et pourtant qu’est-ce qu’elles ont été discutées et critiquées – avec raison – tant elles sont aberrantes. Cette annonce, il l’a faite depuis le lycée Charles Péguy où il a tenu une conférence de presse ce 5 décembre à 13h45.
On pourrait se demander pourquoi la date et l’heure sont mentionnées dans ce billet d’humeur mais si cela peut paraître un détail pour vous, pour moi il est « croustillant » ce détail, tellement croustillant qu’il me fait grincer des dents.
Mais remontons dans le temps pour trouver l’objet de mon courroux.
Combien de fois les enseignants, et moi en premier, ont râlé parce qu’ils apprenaient les “orientations ministérielles” (formulation politiquement correcte pour dire les décisions ministérielles et présidentielles) par voie de presse ? C’était tellement fréquent que la lecture des BO et JO était inutile, une oreille sur BFM étant suffisante pour se garder au fait des informations professionnelles. Je vous parle d’un temps que les moins de quelques semaines ne peuvent pas connaître…
Mais le petit Gaby est arrivé rue de Grenelle et il nous a compris !
En effet, j’ai relevé avec satisfaction (de courte durée, c’est justement le propos de ce billet d’humeur) une phrase dans un long courrier assez récent adressé par le Ministre aux enseignants de France qui dit, je cite :
« Conformément à la méthode que j’applique depuis ma nomination, je choisis de partager avec vous mes décisions le plus directement possible, plutôt que par voie de presse. »
Dans ce même courrier, il dévoile les mesures – plus que contestables – qu’il prend dans le cadre du « Choc des savoirs ».
Revenons-en au « croustillant » qui va me coûter en frais dentaires des années d’une revalorisation « historique », tellement historique qu’elle ne couvre même pas l’inflation de l’année passée.
Ce courrier de notre « cher » Ministre (et je ne mets volontairement pas Cher) sur notre boîte mail professionnelle est daté de ce même 5 décembre à… roulement de tambour… 10h24.
Mais l’immense majorité des enseignants, un mardi, à 10h24, était ou devant élèves ou occupée à des tâches professionnelles et n’avait pas l’œil sur ses mails professionnels (mais peut-être l’oreille branchée sur BFM, qui sait) !
Les médias ayant aussitôt largement et massivement diffusé cette annonce (qui n’a vraiment rien de divine), c’est donc bien par voie de presse que la majorité des enseignants a appris la teneur de ces mesures en fin de journée et a été aussi effarée qu’ébahie par leur anachronisme rétrograde dont les études scientifiques ont démontré toute leur inefficacité.
Encore une promesse qui aura fait long feu (quelques heures tout au plus pour quelques “privilégiés”), et le mépris gouvernemental envers ses agents n’est qu’une fois de plus réitéré.
Gageons que ce soit le Hans Trapp (Père Fouettard alsacien pour résumer) qui soit passé rue de Grenelle cette nuit…
Didier CHARRIÉ
Co-secrétaire Général du SE-Unsa 67