M. l’IA-Dasen, mesdames et messieurs les membres de cette noble instance,
Une déclaration liminaire en cinq points qui se rejoignent autour de trois valeurs : l’honnêteté, le respect et la bienveillance…
- Quantité et qualité de l’offre de remplacement
Un petit sondage rapide et efficace que nous avons effectué il y a 10 jours a une nouvelle fois chiffré la pénurie des moyens de remplacement dans le Bas-Rhin. Depuis la rentrée de janvier, la moitié des écoles a vu son taux d’enseignants remplacés osciller entre 0 et 20 %… Les moyens en carte scolaire donnés au département ne vont permettre ni d’arranger la crise du remplacement, ni de relancer les RASED, ni d’accroître la formation continue. Par contre, la voie bilingue a le vent en poupe, puisque de nouveau pôles bilingues s’implantent, chaque année, et ce malgré le manque de personnels formés. Cherchez l’erreur.
A noter que pour la première fois, 10 enseignants contractuels sont en cours d’embauche pour assurer les remplacements dans le Bas-Rhin. Des contrats sans pérennité pour répondre à des besoins saisonniers ! Pour le SE-Unsa, développer les emplois contractuels, c’est organiser la précarité pour les personnes et dégrader la qualité du service public. C’est une mauvaise réponse à une carence de l’administration qui s’aggrave.
- Le mot bienveillance serait-il galvaudé ?
Il est rappelé constamment aux enseignants d’être bienveillants vis-à-vis de leurs élèves. Cette même bienveillance est parfois très relative à l’encontre de ces mêmes enseignants de la part de leur propre hiérarchie ; Le Décret n°82-453 dit pourtant très clairement l’obligation de l’employeur :
« Les chefs de service sont chargés, de veiller à la sécurité et à la protection de la santé des agents placés sous leur autorité. » Il n’est jamais inutile de le rappeler. Parce que lorsqu’une académie est pilote en termes de prévention des RPS, c’est l’affaire de tous !
En parlant de bienveillance, en ces temps de mouvement, je fais un vœu. Nous souhaitons qu’il guidera l’ensemble des opérations d’affectation qui nous attendent et commencent aujourd’hui. Les collègues que nous allons affecter dans les semaines qui viennent ont chacun une histoire propre, des angoisses personnelles, des réalités diverses. Ils seront d’autant meilleurs dans leur métier qu’ils seront bien sur leur poste. Même si le cadre réglementaire doit garantir l’équité de traitement entre tous, gardons-nous de tout cynisme et efforçons-nous, à chaque phase, de nous intéresser aux réalités des personnes, et à respecter ces réalités subjectives.
- Une dommageable et insidieuse pression institutionnelle
Alors qu’un Groupe de travail académique s’est déjà réuni deux fois pour réfléchir à celle dont tout le monde parle mais que personne n’a jamais vue, (j’ai nommé bien sûr la fameuse simplification des tâches des directeurs), mardi 10 avril sont arrivés circulaire, formulaire, tutoriel et surtout calendrier de la procédure d’orientation et donc de recours à la commission départementale d’appel du premier degré. (En gros, il s’agit de redoublements et d’orientation). A l’ouverture du calendrier, la première chose qui saute aux yeux c’est la date limite pour solliciter l’avis de l’IEN : le 13 avril ! Le directeur académique a pris soin, dans sa circulaire de remercier les directeurs et directrices de – je cite – “respecter scrupuleusement le calendrier”…
Les directeurs se sont dit “On est le 10 au soir, demain c’est mercredi et donc il me reste jeudi soir pour réunir le Conseil des Maîtres ! De qui se moque-t-on ? Alors jeudi au conseil des maîtres sera présent qui pourra. Ou alors on remplira le papier vite fait sur un coin de table à la récré. Et si je ne peux pas envoyer le document de demande d’avis de l’IEN vendredi, ben ça attendra lundi ou mardi : je le ferai quand je pourrai !” C’est bien la consigne qu’a donné le SE-Unsa, qui comptera sur la nécessaire bienveillance de l’administration pour ne pas aggraver encore les RPS de ses agents directeurs et adjoints. Cela suffit, là !
- Le dialogue social doit faire ses preuves !
Notification d’alerte sociale sur les moyens alloués au Bas-Rhin. Négociation préalable mardi 10 avril entre SE-Unsa 67 et DSDEN 67. Que l’administration arrive trois quarts d’heure en retard, allez, ça peut arriver, nous ne nous sommes pas formalisés. Mais que l’administration donne des signes d’impatience trois quarts d’heure après le début de la discussion, c’est autre chose. C’est envoyer un signal peu compatible avec la tradition de dialogue qui était en vigueur dans notre département.
Dans le même ordre d’idée, nous attendons toujours les documents que nous avons demandés lors de la notification de cette alerte sociale. Je me permets de rappeler les termes du Décret n° 2008-1246, dans son article 3. « L’autorité administrative transmet, en temps utile, avant l’ouverture de la négociation préalable, à l’organisation syndicale toute information de nature à éclairer les parties à la négociation dans la détermination de leurs positions respectives. » Ces documents, ne nous ont pas été envoyés. Monsieur l’IA-Dasen, il n’y a pas de dialogue social a priori. Parler du dialogue social ne le fait pas exister dans les faits. Pour le SE-Unsa, il doit y avoir constamment des preuves d’un dialogue social qui soit sincère.
- Honnêteté intellectuelle
Je me permets de m’adresser maintenant à l’ensemble des commissaires paritaires. Des élections professionnelles ont lieu dans quelques mois, c’est vrai. Ce n’est pas une raison pour perdre tout sang froid, tout sens de la mesure, et pour communiquer des projets d’affectation avant la CAPD du 1er temps. Gardons le sens de l’éthique et respectons le pouvoir consultatif de la CAPD. Avant la CAPD, il y a des projets confidentiels successifs issus des moulinages respectifs d’un logiciel. Avant la CAPD, après chaque moulinage, il y a des commissaires paritaires qui travaillent et font corriger des oublis. Pendant la CAPD, il y a des discussions sur des situations particulières. C’est donc seulement après la CAPD que naissent de véritables résultats d’affectation, fiables et entérinés. Au SE-Unsa, nous résistons aux sirènes de la démagogie, et nous expliquons aux collègues comment nous travaillons. Nous constatons qu’un autre syndicat ne partage pas tout-à fait ces mêmes valeurs.
Pour finir, parce qu’il est dans la vie des moments à placer bien au-delà des clivages, j’aimerais assurer Madame Christel RIEGEL, qui se retire de cette instance, de toute la sympathie du SE-Unsa 67. Je voudrais aussi souhaiter très simplement la bienvenue à Madame Aminatou DIALLO, dont nous connaissons et apprécions les convictions et la générosité.