Monsieur le Ministre, les enseignants ne sont pas des machines à faire apprendre

Les ministres passent mais les méthodes demeurent. Une fois de plus, le ministre de l’Education nationale et de la jeunesse souhaite imposer des méthodes pédagogiques de lecture et d’écriture.

Dans une tribune au journal « Le Monde », Gabriel Attal rappelle l’aspect fondamental de l’acquisition du lire-écrire.

Si le SE-Unsa soutient la nécessité de faire progresser les élèves, dans tous les domaines, ces injonctions pédagogiques ministérielles illustrent à nouveau la défiance du ministre envers les personnels. Les professeurs des écoles et du 2nd degré ne sont pas des machines à faire apprendre. Ce sont des professionnels formés, qui doivent pouvoir adapter leur pédagogie au contexte dans lequel ils enseignent, au nom, justement – et faut-il le rappeler au ministre ? – de leur liberté pédagogique. Leurs élèves ne sont pas des réceptacles de savoir et de méthodes uniformes. Aucune méthode n’est à rejeter, aucune méthode ne doit être imposée.

L’urgence aujourd’hui est la mobilisation pour soutenir les élèves qui entrent le plus difficilement dans les apprentissages. Or, depuis 2017, les « ministres du président Macron » n’ont eu de cesse d’affaiblir, voire de détruire, les réseaux d’aide spécialisés aux élèves en difficulté (Rased). Posons-nous la seule et vraie question : comment aider véritablement les élèves en difficulté alors que les pratiques actuelles fonctionnent avec 70% des élèves ?

Par ailleurs, ces injonctions incessantes participent à la désaffection des concours du métier. Quelle contradiction, alors que dans le même temps le ministre ouvre un cycle de concertation sur l’attractivité du métier ! C’est de confiance dont la profession a besoin. Elle vous la demande instamment, Monsieur le Ministre.

Paris, le 15 septembre 2023
Elisabeth Allain-Moreno
Secrétaire générale