CRPE, les épreuves en DETAIL

Les arrêtés fixant les contenus des futurs concours de recrutement ont enfin été publiés. C’était une pierre manquante à la construction de l’édifice branlant de la nouvelle formation initiale des enseignants et des CPE qui débutera en septembre prochain. 

Les modalités  

S’il y a peu de nouveautés pour les concours du second degré, en revanche, pour le CRPE, les candidats devront désormais composer pour trois épreuves d’admissibilité (contre deux auparavant) puis deux épreuves d’admission avec la possibilité d’une épreuve optionnelle de langue. Le second concours interne du CRPE comporte le même nombre d’épreuves que le concours externe pour l’admissibilité et l’admission.  

Le détail des épreuves

3 épreuves d’admissibilité 

  1. Une épreuve écrite disciplinaire en français

L’épreuve prend appui sur un texte (extrait de roman, de nouvelle, de littérature d’idées, d’essai, etc.) d’environ 400 à 600 mots. Elle comporte trois parties :

– une partie consacrée à l’étude de la langue, permettant de vérifier les connaissances syntaxiques, grammaticales et orthographiques du candidat ;

– une partie consacrée au lexique et à la compréhension lexicale ;

– une partie consacrée à une réflexion suscitée par le texte à partir d’une question posée sur celui-ci et dont la réponse prend la forme d’un développement présentant un raisonnement rédigé et structuré.


L’épreuve est notée sur 20. Une note globale égale ou inférieure à 5 est éliminatoire.
Durée : 3 heures (coefficient 1)
 

2. Une épreuve écrite disciplinaire en mathématiques

L’épreuve est constituée d’un ensemble d’au moins trois exercices indépendants permettant de vérifier les connaissances du candidat. L’épreuve est notée sur 20. Une note globale égale ou inférieure à 5 est éliminatoire.
Durée : 3 heures (coefficient 1)
 

3. Une épreuve écrite d’application

L’épreuve a pour objectif d’apprécier la capacité du candidat à proposer une démarche d’apprentissage progressive et cohérente. Le candidat a le choix au début de l’épreuve entre trois sujets portant respectivement sur l’un des domaines suivants :

– sciences et technologie ;

– histoire, géographie, enseignement moral et civique ;

– arts.


Le candidat dispose d’un dossier comportant notamment des travaux issus de la recherche et des documents pédagogiques. Le candidat est amené à montrer dans le domaine choisi une maîtrise disciplinaire en lien avec les contenus à enseigner et à appliquer cette maîtrise à la construction ou à l’analyse de démarches d’apprentissage.

Durée : trois heures (coefficient 1).


Sciences et technologie

L’épreuve consiste en la conception et/ou l’analyse d’une ou plusieurs séquences ou séances d’enseignement à l’école primaire (cycle 1 à 3), y compris dans sa dimension expérimentale. Elle peut comporter des questions visant à la vérification des connaissances disciplinaires du candidat. L’épreuve est notée sur 20. Une note globale égale ou inférieure à 5 est éliminatoire.


Histoire, géographie, enseignement moral et civique

Au titre d’une session, la commission nationale compétente mentionnée à l’article 12 détermine deux composantes parmi les trois enseignements suivants : histoire, géographie, enseignement moral et civique. L’épreuve consiste en la conception et/ou l’analyse d’une ou plusieurs séquences ou séances d’enseignement à l’école primaire (cycle 1 à 3). Elle peut comporter des questions visant à la vérification des connaissances disciplinaires du candidat. L’épreuve est notée sur 20. Une note globale égale ou inférieure à 5 est éliminatoire.


Arts

Au titre d’une session, la commission nationale compétente mentionnée à l’article 12 détermine deux composantes parmi les trois enseignements suivants : éducation musicale, arts plastiques, histoire des arts. L’épreuve consiste en la conception et/ou l’analyse d’une ou plusieurs séquences ou séances d’enseignement à l’école primaire (cycle 1 à 3). Elle peut comporter des questions visant à la vérification des connaissances disciplinaires du candidat. L’épreuve est notée sur 20. Chaque composante est notée sur 10 points. Une note globale égale ou inférieure à 5 est éliminatoire. 

2 ou 3 épreuves d’admission

  1. Épreuve de leçon.

L’épreuve porte successivement sur le français et les mathématiques. Elle a pour objet la conception et l’animation d’une séance d’enseignement à l’école primaire dans chacune de ces matières, permettant d’apprécier la maîtrise disciplinaire et la maîtrise des compétences pédagogiques du candidat. Le jury soumet au candidat 2 sujets de leçon, l’un dans l’un des domaines de l’enseignement du français, l’autre dans celui des mathématiques, chacun explicitement situé dans l’année scolaire et dans le cursus de l’élève. Afin de construire le déroulé de ces séances d’enseignement, le candidat dispose en appui de chaque sujet d’un dossier fourni par le jury et comportant au plus quatre documents de nature variée : supports pédagogiques, extraits de manuels scolaires, traces écrites d’élèves, extraits des programmes… Le candidat présente successivement au jury les composantes pédagogiques et didactiques de chaque leçon et de son déroulement. Chaque exposé est suivi d’un entretien avec le jury lui permettant de faire préciser ou d’approfondir les points qu’il juge utiles, tant sur les connaissances disciplinaires que didactiques. Durée de préparation : 2h ; durée de l’épreuve : 1h (français : 30 min, l’exposé de 10 à 15 min est suivi d’un entretien avec le jury pour la durée restante impartie à cette première partie ; mathématiques : 30 min, l’exposé de 10 à 15 min est suivi d’un entretien avec le jury pour la durée restante impartie à cette seconde partie). Coefficient 4. L’épreuve est notée sur 20. La note 0 est éliminatoire.

2. Épreuve d’entretien

L’épreuve comporte deux parties.

a. La première partie (30 min) est consacrée à l’éducation physique et sportive, intégrant la connaissance scientifique du développement et la psychologie de l’enfant. Le candidat dispose de 30 min de préparation. A partir d’un sujet fourni par le jury, proposant un contexte d’enseignement et un objectif d’acquisition pour la séance, il revient au candidat de choisir le champ d’apprentissage et l’activité physique support avant d’élaborer une proposition de situation(s) d’apprentissage qu’il présente au jury. Cet exposé ne saurait excéder 15 min.

Il se poursuit par un entretien avec le jury pour la durée restante impartie à cette première partie. Cet entretien permet d’apprécier d’une part les connaissances scientifiques du candidat en matière de développement et la psychologie de l’enfant, d’autre part sa capacité à intégrer la sécurité des élèves, à justifier ses choix, à inscrire ses propositions dans une programmation annuelle et, plus largement, dans les enjeux de l’EPS à l’école.

b. La seconde partie (35 min) porte sur la motivation du candidat et son aptitude à se projeter dans le métier de professeur au sein du service public de l’éducation. Elle comporte un premier temps d’échange d’une durée de 15 min débutant par une présentation, d’une durée de 5 min maximum, par le candidat des éléments de son parcours et des expériences qui l’ont conduit à se présenter au concours en valorisant ses travaux de recherche, les enseignements suivis, les stages, l’engagement associatif ou les périodes de formation à l’étranger. Cette présentation donne lieu à un échange avec le jury pendant 10 min.

La suite de l’échange, d’une durée de 20 min, doit permettre au jury, au travers de 2 mises en situation professionnelle, l’une d’enseignement, la seconde en lien avec la vie scolaire, d’apprécier l’aptitude du candidat à :

– s’approprier les valeurs de la République, dont la laïcité, et les exigences du service public (droits et obligations du fonctionnaire dont la neutralité, lutte contre les discriminations et stéréotypes, promotion de l’égalité, notamment entre les filles et les garçons, etc.) ;

– faire connaître et faire partager ces valeurs et exigences.


Le candidat admissible transmet préalablement une fiche de candidature Durée totale de l’épreuve : 1h05min. Coefficient 2. L’épreuve est notée sur 20. Chaque partie est notée sur 10 points. La note 0 obtenue à l’une ou l’autre des deux parties est éliminatoire.
 

3. Une épreuve optionnelle de langue

A choisir entre anglais, allemand, espagnol, italien. Seuls les points au-dessus de la moyenne sont pris en compte.
Durée : 30 minutes (préparation 30 minutes)

L’ avis du SE-Unsa 

Où l’on retrouve la commande d’un ministre pour une réforme surtout centrée sur la formation des professeurs des écoles, et en particulier sur leur maîtrise des fondamentaux !  

Nous ne nions pas l’intérêt de ce recentrage. Le problème reste que le ministre continue de confondre recentrage avec exclusivité. Il en résulte un appauvrissement des épreuves de français et de maths, aussi bien écrites qu’orales. Vidées de leurs enjeux didactiques, ces épreuves se limitent à un contrôle du niveau des connaissances du candidat pour l’écrit, et à l’établissement d’une doxa officielle en matière de lecture, écriture, et mathématiques pour l’oral. 

Que reste-t-il de l’engagement ministériel de 2019 de renforcer la dimension professionnalisante des concours de recrutement de l’enseignement ? De plus, pour les candidats qui n’auront pas choisi un master Meef, le déplacement du concours en fin de M2 allongera de facto la dimension disciplinaire de la formation. 

Or de toutes les difficultés rencontrées dans l’exercice du métier, en particulier quand on débute, est-ce la maîtrise des savoirs disciplinaires qui est la plus en cause ? L’aptitude à se projeter dans le métier, la motivation, la valorisation d’expériences antérieures qui nourrissent la pratique, ainsi que la connaissance de l’environnement professionnel dans lequel ils évoluent tiennent-ils si peu de place dans le métier d’enseignant et de CPE au XXIe siècle ? 

Partant de ce constat l’introduction d’une épreuve commune à tous les concours est à saluer. Certes pour les concours de l’enseignement c’est une nouveauté, et il faudra notamment veiller à la formation des jurys en la matière. Pourtant ce type d’épreuve fait partie intégrante du concours de recrutement des CPE depuis déjà de nombreuses années, ainsi que nombreux autres concours de la Fonction publique. C’est un premier pas, certes timide vers la prise en compte de compétences utiles à toutes les fonctions connexes à l’enseignement. 

Si l’épreuve d’admissibilité supplémentaire qui concerne d’autres domaines que les fondamentaux et qui est orientée didactique et pédagogie à partir d’un dossier est intéressante, elle ne parviendra toutefois pas à gommer les effets de ce recentrage. La maîtrise des fondamentaux chère au ministre risque ainsi de se faire sur le dos de la maîtrise des compétences professionnelles, de la polyvalence propre au métier et donc de l’interdisciplinarité, un élément pourtant structurant des apprentissages. 

Pour le SE-Unsa, la réforme de la formation initiale, en l’état, ça reste donc toujours non. L’objectif de professionnalisation n’y est décidément pas. Quand bien même l’épreuve d’entretien a du sens, c’est un pansement sur la jambe très écorchée par une réforme inutile, sans garantie de professionnalisation ni de revalorisation, de la formation initiale des enseignants et CPE. 

Retrouvez les détails des CRPE sur le site du ministère