Action pleine de bonnes intentions sans doute, mais l’école a-t-elle vraiment vocation à pallier à toutes les carences sociétales ?
Depuis le début des vacances de printemps, des pressions sont faites au niveau des écoles en éducation prioritaire pour que ce projet soit mis en place… dès la reprise des enseignements en présentiel (donc normalement le 26 avril 2021).
Si de nombreux documents démontrant tout « l’intérêt pédagogique » de ce projet accompagnent cette demande pressante (à se demander même si on ne devrait pas prendre le petit-déjeuner toute la journée tant l’activité est riche), nul document pour l’accompagnement de cette mise en place qui soulève pas mal de questions dans les équipes, qui plus est en cette période de crise sanitaire.
Reprenons les termes du courrier que nous avions adressé à l’administration un 3 octobre 2019 car les questions soulevées sont encore plus d’actualité :
« Nous aimerions connaître les attentes de Madame l’Inspectrice d’Académie quant à la mise en place des “petits déjeuners à l’école” en éducation prioritaire.
En effet, les retours qui nous sont faits sont divers et variés, voire contradictoires.
La mise en place se fait-elle sur la base du volontariat, c’est à dire uniquement pour les écoles volontaires, ou est-elle imposée aux équipes ?
A qui échet la responsabilité de cette mise en place ?
Nous pensons aux commandes, à la mise en place physique des locaux comme du matériel, la responsabilité du respect des règles d’hygiène, etc.
Ce problème de restauration relève naturellement plus de la responsabilité des collectivités territoriales responsables de la restauration scolaire que de celle du directeur d’école.
Vous comprendrez qu’en regard à l’épuisement constaté des directeurs, qu’au constat effarant d’un empilement régulier des tâches, nous soyons particulièrement attentifs à cette problématique.
Le SE-Unsa 67 dénonce depuis longtemps l’absence d’effets concrets d’une simplification des tâches qui ne reste jusqu’alors qu’un concept de ministère.
Le SE-Unsa 67 a régulièrement demandé lors des instances, encore lors de la CAPD du 17 août dernier, ce qu’il en était des travaux menés il y a deux ans sur cette problématique.
Nous réitérons aujourd’hui cette demande.
Les collègues ne peuvent plus répondre à de nouvelles tâches. Ils ont besoin de réponses ; ils ont besoin de temps ; ils ont besoin de soutien de la part de leur hiérarchie. »
A tout cela s’ajoute la situation précaire en raison de cette crise sanitaire et de protocoles déjà difficiles voire impossible à tenir, même si toutes les injonctions « préconisées » s’accompagnent du désormais célèbre « QCP (quand c’est possible) » et si ces mêmes injonctions sont quelque peu fluctuantes via une Foire Aux Questions (ayant valeur de circulaire rappelons-le) particulièrement changeante (nous en sommes à la n°30 au 12 avril pour 26 semaines de classe).
Le positionnement du SE-Unsa 67
- Ce projet relève bien plus des responsabilités des collectivités territoriales que de celles des équipes pédagogiques.
- C’est un projet et comme tout projet, ce dernier nécessite l’adhésion des équipes sollicitées et donc du temps pour étudier l’éventuelle mise en place sur la base du volontariat.
- La période est peu propice pour une mise en place dans l’urgence qui plus est par des équipes qui ne cessent d’être sollicitées sans répit depuis plus d’un an et dans un contexte sanitaire complexe.
- Les conséquences des confinements sur le niveau scolaire des élèves sont connues. Les enseignants doivent consacrer leur énergie à des enseignements plus fondamentaux (ce qui correspond aussi à une des nombreuses attentes ministérielles).
Savoir dire NON, c’est aussi mener les missions avec toute la responsabilité d’une profession qui a largement fait ses preuves de compétences et de dévouement auprès du service public d’éducation.
Le SE-Unsa 67 soutiendra donc toutes les équipes qui choisiront de ne pas répondre favorablement à cette sollicitation (qui ne peut et ne doit rester qu’une sollicitation) et interviendra auprès de l’administration là où ce sera nécessaire et à chaque fois que ce sera nécessaire.